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crédits : MER ET MARINE - GILDAS LE CUNFF DE KAGNAC |
A la demande du Syndicat Maritime Normandie CFDT, Estelle Grelier, députée européenne du Nord Ouest de la France, a organisé une rencontre à Bruxelles avec Mathias Groote, député allemand et président de la Commission Environnement du parlement européen. Il s'agissait d'évoquer la question de la directive soufre, une mesure qui imposerait, à compter du 1er janvier 2015, l'utilisation pour les navires exploités en Manche, mer du Nord et Baltique, d'un carburant désulfuré. Le problème de cette mesure, qui doit être examinée le 16 février par la Commission Environnement du parlement européen, est que l'industrie maritime et les chantiers navals ne sont pas prêts, technologiquement, à la mettre en oeuvre. La seule solution, en attendant que les développements en cours sur de nouvelles technologies (comme la propulsion au gaz naturel pour les ferries) soient achevés, est de substituer l'actuel fuel consommé par les navires par du gasoil. Une option qui entrainerait des surcoûts d'exploitation considérables et, selon les compagnies, se traduirait par l'abandon de lignes maritimes courtes. Chez Brittany Ferries par exemple, on estime l'impact à l'arrêt de deux navires et la suppression de 400 emplois. Alors que les armateurs réclament depuis des mois un délai d'application supplémentaire, les syndicats montent aussi au créneau pour défendre les emplois. Et, à Bruxelles, la CFDT Maritime Normandie semble avoir trouvé en la personne de Mathias Groote une oreille attentive. « Le président Groote issu d'une famille de marins ayant lui-même navigué au long court nous a fait part de son attachement au milieu maritime. Nous n'étions donc pas en terrain étranger. Dans une conversation franche et directe, il nous a indiqué qu'il était du domaine de l'impossible de modifier à terme l'objectif défini par l'OMI d'un taux de rejet de soufre de 0.1 % ».
Intervention via la Confédération Syndicale EuropéenneAlors que la représentation française à l'Organisation Maritime Internationale (OMI) a d'ores et déjà validé ce taux, le syndicat veut convaincre les parlementaires européens qu'au moment où le secteur maritime voit son environnement économique et social fortement dégradé par la crise, « une telle directive appliquée sans assouplissement dès 2015 aurait des conséquences catastrophiques ». La CFDT, demande notamment que le seuil de 0.1% soit appliqué après un délai supplémentaire pouvant aller jusque 2020. « Mathias Groote nous a encouragés à coordonner nos positions avec nos collègues européens, par le biais de la Confédération Syndicale Européenne. Le syndicat CFDT Maritime Normandie va donc saisir François Chérèque pour qu'il coordonne cette intervention », explique le syndicat, qui précise que de nombreux amendements allant dans le même sens ont été déposés par les parlementaires européens toutes tendances confondues. « Suite à nos interventions personne ne pourra dire ne pas avoir été informé. Il nous reste à avoir l'assurance que le gouvernement français suive les positions de nos parlementaires européens ». Dans cette perspective, le député Bernard Cazeneuve et le sénateur Jean-Pierre Godefroy doivent interpeller le gouvernement à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Mer et Marine - 14/02/12