Hier matin, au rond-point de la zone des Vindits près de leur entreprise.
Ils ne craignent pas de perdre leur emploi. Ils se plaignent parce qu'ils sont vendus.« Comme du bétail. » Hier matin, les salariés de la branche construction navale d'Assystem, un bureau d'ingénierie installé dans la zone des Vindits, ont décidé d'une grève illimitée.Les salariés de la branche construction navale d'Assystem n'avaient jamais fait grève en 13 ans. Mais leur employeur les a poussés dans leurs retranchements.
Cela s'est traduit hier matin par une distribution de tracts devant DCNS et par des barrages filtrants devant l'arsenal et au rond-point des Vindits. Les cinquante salariés de l'entreprise y participaient. Soit un taux de grévistes de 98 %. Les organisations syndicales CFDT et CGT les avaient également rejoints.
« Nous avons appris par hasard, il y a cinq semaines, que nous étions rachetés. On aurait aimé que ce soit notre direction qui nous le dise » assurent les salariés.
Paradoxalement, ce n'est pas tant la vente à un groupe espagnol, Fiva, qui inquiète le personnel. Pour l'instant, il n'y a aucune crainte pour la pérennité des emplois. « Les contrats sont là, notre savoir-faire aussi. »
Non. Le personnel reproche au groupe Assystem, une entreprise de près de 9 000 salariés, de se débarrasser d'eux sans la moindre considération pour le travail qu'ils ont accompli depuis treize ans. « S'ils peuvent vendre notre bureau, c'est tout simplement grâce à nos compétences. Et nous voulons notre part du gâteau. »
Prime de 10 000 €
Le personnel ne connaît pas le montant de la transaction entre le groupe Assystem et le groupe Fiva. D'ailleurs, la vente n'est, selon eux, pas encore conclue. « En théorie, elle doit intervenir le 31 mars. Vendredi 11 mars, Assystem a remis à chacun un courrier nous interdisant formellement de prendre contact avec DCNS et le groupe Fiva. »
Pourquoi DCNS ? Parce que le constructeur sous-traite une partie des études de dessin industriel du programme Barracuda au bureau d'Assystem à Cherbourg.« C'est notre équipe qui les intéresse, pas le groupe Assystem. »
Estimant avoir été « abusés » par leur employeur actuel, les salariés réclament donc une prime de 10 000 € nets par personne.
Jusqu'à présent, la direction n'a pas répondu à leur demande. Ce matin, les salariés sont cependant reçus par un responsable du bureau de Rennes, et par le directeur du programme Barracuda à DCNS Cherbourg.
La grogne qui dure depuis plusieurs semaines va-t-elle trouver son épilogue aujourd'hui ? Peut-être. En attendant, les salariés ont décidé de mener une grève illimitée.