De gauche à droite, François Vidal, Rachel Marie et Gilles Martin constatent que les syndicats s'implantent de plus en plus dans la grande distribution, même si certains supermarchés restent sans aucune représentation syndicale. |
Carrefour aux Prud'hommes. Jeudi dernier, les 117 salariés de Carrefour ont eu l'heureuse surprise de voir le conseil des prud'hommes leur donner raison contre l'entreprise. « Le procès portait sur trois points mais le plus important concerne le temps de pause », indique François Vidal, de la CFDT Services de Basse-Normandie et délégué de Carrefour Cherbourg. « Jusqu'à présent l'entreprise incorporait le temps de pause des salariés dans le calcul de leurs salaires. En conséquence, beaucoup d'entre eux étaient payés en dessous du SMIC, ce qui est illégal. » Le syndicat s'attend à ce que Carrefour fasse appel et aille ensuite en cassation. « Mais nous sommes heureux de ce résultat car Cherbourg est aux avant-postes dans ce combat. Si le jugement venait à être confirmé c'est toute la grande distribution qui verrait ses salaires augmenter de 5 %. » Un enjeu de taille mais dont le dénouement ne sera certainement pas connu avant deux ans.Alors que le syndicat vient d'obtenir une première victoire contre Carrefour devant les Prud'hommes, son implantation à Auchan est en nette progression.
Les travaux des Eleis et le parking. Situation insolite, d'un côté le procès, de l'autre les travaux : « Être un hypermarché de centre-ville impose des contraintes terribles lors de travaux de cette ampleur », remarque le délégué syndical. Difficile en effet d'y accéder par les temps qui courent. « Pourtant, le jeu en vaut la chandelle car à terme la nouvelle galerie marchande devrait permettre l'embauche de 120 salariés », estime la CFDT qui assure que 80 % des boutiques sont retenues à ce jour. « Et si tout se passe bien à l'ouverture fin 2012, début 2013 on peut espérer dépasser le nombre des 223 salariés actuels. »
Le syndicat veut aussi battre en brèche l'idée « erronée » du parking payant. « Il sera payant pour tous mais remboursé pour les clients sur les tickets de caisse. Faire ses courses ne coûtera pas un centime de plus », assure François Vidal.
Auchan a 50 ans. Également impliquée dans le procès sur le temps de pause, la CFDT d'Auchan a choisi de regrouper les dossiers au niveau national. Les organisations syndicales ont fait appel du jugement qui renvoi l'affaire en départage : l'affaire sera de nouveau évoquée devant quatre conseillers et un juge professionnel en octobre. « Plus de 2 000 dossiers sont en attente dans toute la France », indique Gilles Martin CFDT d'Auchan La Glacerie. Des actions sont également en cours pour demander la réouverture des négociations sur les salaires. « On veut au mois 4,5 % d'augmentation pour vivre dignement », insiste le syndicaliste alors que pour seule réponse le PDG du groupe a annoncé le paiement triple de la journée qui marque le 50e anniversaire de l'enseigne.
Pour le syndicat, cela ne résout rien et « les salariés sont choqués par le décalage entre le tableau économique alarmiste qu'on nous dépeint et les mégas augmentations des dix meilleurs salaires de l'ordre de 15 % sur deux ans. »
Ouest France - 08/07/2011