lundi 13 février 2012

Augmentation de la TVA : Une mesure inefficace et injuste


Le président de la République pour, dit-il, favoriser l’emploi et la compétitivité des entreprises françaises, prévoit de baisser les cotisations patronales des entreprises en augmentant dans le même temps la TVA. Les recettes de cette hausse de la TVA seraient censées abonder les caisses des organismes de protection sociale.
Pour la CFDT, augmenter la TVA est non seulement inefficace, mais aussi injuste. Elle s’y oppose. Elle propose un autre moyen pour améliorer la compétitivité des entreprises et financer dans le même temps la protection sociale.


OUI A LA COMPÉTITIVITÉ DES ENTREPRISES !
Dans cette période de crise difficile pour les entreprises,
La CFDT est consciente de l’amélioration nécessaire de la compétitivité des entreprises. C’est leur compétitivité qui garantit l’emploi et, en bout de course, le pouvoir d’achat des salariés.

Mais le coût du travail n’est pas l’élément primordial qui explique les pertes de parts de marché de l’économie française. Les retards dans les domaines de la recherche et de l’innovation, de la formation et de la reconnaissance des qualifications, la montée en gamme sont tout aussi déterminants.

La baisse des cotisations famille telle que l’envisage le gouvernement n’aurait pas d’effet significatif par rapport aux pays émergents. Elle aurait aussi un effet minime sur les prix, dans les entreprises où la part de main d’œuvre dans la valeur ajoutée est faible.

En outre, aucune garantie n’est demandée aux employeurs pour que la baisse des cotisations soit répercutée sur les prix et ne grossisse davantage les profits des entreprises.

NON À LA TVA SOCIALE !
L'augmentation de la TVA, comme l'envisage le gouvernement, est dangereuse pour la croissance. Payée par tous les consommateurs et pas seulement sur les produits importés, elle aurait pour conséquence la détérioration du pouvoir d’achat de tous les ménages. C’est pourquoi la CFDT est opposée à toute augmentation de la TVA.

Cette hausse de la TVA est aussi injuste pour les plus modestes et aussi les classes moyennes, car ce sont eux qui affectent l’essentiel de leurs revenus à la consommation. La TVA pèse ainsi deux fois plus sur les 10 % de ménages ayant les revenus les plus faibles que sur les ménages ayant les revenus les plus élevés.

NÉGOCIER UN TRANSFERT VERS LA CSG
Les évolutions de notre société, des modes de vie et de production ont profondément modifié la nature des risques que doit couvrir la protection sociale. Les prestations familiales et de santé ont acquis un caractère universel. Tout en considérant qu’une contribution des entreprises au financement de ces prestations demeure justifiée par le bénéfice qu’elles en retirent, la CFDT n’est pas hostile à ce qu’une part importante des cotisations patronales maladie et famille soit transférée vers l’impôt. Mais la CFDT y met des conditions :
• que ce transfert soit négocié pour garantir le pouvoir d’achat des salariés. Il ne peut être question que ce soit un gain sans contrepartie pour les entreprises ;
• que l’impôt se substituant aux cotisations soit juste et affecté à la protection sociale.
C’est pourquoi la CFDT propose que la baisse de cotisations patronales soit compensée par une hausse de la CSG sur les revenus d’activité et du patrimoine, assortie d’une hausse du salaire brut des salariés. Ainsi la neutralité de l’opération serait assurée pour les salariés.

En pratique, transformer 10 points de cotisations employeurs en 7 points de CSG sur l’ensemble des revenus nécessiterait d’augmenter de 8 points les salaires bruts des salariés pour que cela soit une opération neutre pour les salariés. Dans un tel cas, le coût du travail baisse de 2,7 %.
Si on exclut les revenus de remplacement (chômage, retraite…) de l’augmentation de la CSG, une même baisse de 10 points des cotisations employeurs conduirait à augmenter la CSG de 8 points et les salaires bruts des salariés de 9 points pour que l’opération reste neutre pour les salariés. Dans ce cas, le coût du travail baisse encore de 1,5 %.

Ce transfert important de cotisations sociales sur la CSG, compensé au niveau salarial, permettrait de dégager des marges de manœuvre pour redistribuer les gains sur des hausses de salaire, l'investissement, la R&D, la formation...