Les huit ferries à quai
Le conflit s'envenime entre la
direction et les personnels navigants (dits subalternes, hors officiers)
à la compagnie transmanche Brittany Ferries. Après une grève entamée
jeudi au sujet d'une prime, la tension est montée d'un cran. Au point
que, hier soir, l'ensemble des huit ferries de passagers étaient à quai.
Et sans doute pour l'ensemble du week-end.
Des milliers de
passagers se sont retrouvés, de fait, bloqués dans les ports. À
Saint-Malo, Brest, Cherbourg ou Ouistreham, mais aussi à Santander en
Espagne, ou Cork en Irlande. 8 000 personnes en tout depuis le début du
conflit. Comme ces Irlandais, bloqués à Roscoff avec voiture et
caravanes, empêchés de rentrer chez eux.
La direction se tend
Après
la grève votée par les marins, la direction s'est tendue. Elle a
convoqué hier, à 13 h, au siège de la compagnie à Roscoff (Finistère),
un comité d'entreprise extraordinaire. Pour y annoncer l'arrêt de
l'exploitation des navires. Un lock-out au nom de la sécurité.
La présidente du directoire, Martine Jourdren, a justifié cette position, dans un communiqué, par le fait que « la direction ne peut plus assurer l'exploitation des navires et la gestion des passagers dans des conditions normales ». Et d'arrêter les navires « jusqu'à nouvel ordre ». Sauf que, depuis, sur quatre ferries (Armorique, Mont-Saint-Michel, Normandie, Cotentin), les marins ont voté la reprise du travail après une grève de 24 heures. Et le Pont-Aven et le Bretagne doivent voter aujourd'hui.
Situation ubuesquepour les marins
« Nous sommes des salariés qui ont voté la reprise du travail, à leur poste de travail, mais sans travail ! »,
ont résumé les syndicats CFDT et CGT au préfet du Finistère,
Jean-Jacques Brot, qui avait accepté de les rencontrer, hier à Brest.
Les syndicalistes ont déconseillé aux marins de quitter les navires. « La direction utilise le lock-out, commentent-ils.
Que se passerait-il si un salarié avait un accident de la route en
rentrant à son domicile ? Le bon endroit pour un marin, c'est sur son
navire ! » CGT et CFDT appelaient, hier soir, à un « retour autour de la table des négociations ».
Les officiers se désolidarisent du mouvement
Ce
conflit entre les marins subalternes et la direction est loin de faire
l'unanimité auprès des autres catégories de personnels. « Les officiers (250 cadres) se désengagent et désavouent les mouvements en cours à l'équipage », ont annoncé, hier, leurs délégués. Pour autant, ils dénoncent, pour leur part, « un affrontement d'egos jamais atteint entre la direction, les actionnaires et les équipages embarqués subalternes ». Le manque de communication, « la mauvaise démarche au départ sur des mesures anxiogènes du début de l'été ». Les délégués ont demandé « officiellement » la nomination d'un médiateur pour sortir de cette crise qui pourrait être « fatale ».
Contactée hier soir, la direction n'a pas réagi.
Ouest France - 22/09/2012 - http://www.ouest-france.fr/actu/economieDet_-Brittany-Ferries-le-conflit-dans-l-impasse-_3634-2115401_actu.Htm?xtor=RSS-4&utm_source=RSS_MVI_ouest-france&utm_medium=RSS&utm_campaign=RSS